Loi sur les plats « faits maison »
Par Jordan Allouche… Il n’y aura pas de loi sur les plats « faits maison ». La raison ? Le lobbying intense mené par le chef Thierry Marx.
Ce mercredi 20 mars 2024 devait être marqué par l’examen en Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale d’une proposition de loi portée par Christopher Weissberg.
Afin d’améliorer la transparence et inciter les restaurateurs à se détourner des produits industriels proposés à la carte, le texte prévoyait d’obliger ces derniers à apposer les mentions « faits maison » ou « non faits maison » à chaque plat de leur carte.
Mais en marge de la cérémonie de remise des étoiles du guide Michelin qui s’est tenue lundi, le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard, a annoncé le retrait du texte.
D’après l’Informé, un chef a une large part de responsabilité dans ce renoncement : Thierry Marx.
Pendant plusieurs semaines, le chef étoilé a mené une campagne d’influence pour tenter de vider de sa substance le texte.
Le chef a écrit un courrier au Président de la République, co-signé avec le président de la CGAD – Confédération Générale de l’Alimentation en Détail et la présidente du Groupement des hôtelleries et Restaurations de France (GHR).
L’informé rapporte par ailleurs que le chef a soumis des suggestions de modifications de la proposition de loi, reprises par le rapporteur.
Le rapporteur a ainsi proposé un amendement détaillant un nouveau dispositif qui n’aurait à s’appliquer qu’aux plats « faits maison »- et non aux autres. Comprenez : les cartes des restaurants ne proposant aucun produit fait maison n’auraient pas eu à changer.
Problème : il ne s’agit pas seulement de la mobilisation d’un chef médiatique. Mais bien celle du président du principale lobby de la restauration. Depuis 2022, Thierry Marx est le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), premier syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration.
De nombreux syndicats départementaux et régionaux y adhèrent, de même que deux syndicats associés, le Syndicat national de la restauration publique organisée (SNRPO) et le Groupement national des chaînes hôtelières (GNC). Le GNC est une organisation professionnelle qui rassemble les chaînes hôtelières françaises. Il compte parmi ses adhérents des (grosses) enseignes comme Holiday Inn, ibis, ibis Styles, ibis budget ou encore B&B HOTELS France.
Il s’agit aussi de la mobilisation de celui qui, comme le rapporte l’article de l’Informé, est régulièrement accusé en interne de soutenir des intérêts « contraires », et de défendre « les groupes industriels derrière Bleu Blanc Coeur (et de) faire des publicités pour Lidl ».
Si Thierry Marx lit ce post, voici peut-être une suggestion de campagne à mener : sur les 170.000 restaurants français, seulement 1% d’entre eux propose des produits bio à leur carte (chiffre : Agence BIO).
Un bon moyen de lutter efficacement contre la « malbouffe » ?
Jordan Allouche